Okinawa - Karaté - Challenge #19
La suite de mon aventure japonaise se déroule à Okinawa. Une petite île bien au sud des îles principales du Japon qui est considérée comme le berceau du karaté, sur laquelle on trouve environ 200 dojos. Le climat est tropical, donc chaud et humide. Mais après la fournaise de Tokyo, on s’y sent plutôt bien. Je me retrouve sur les premiers jours dans une auberge perdue au milieu des « montagnes ». Je passe une journée avec le patron, avec qui j’en apprends sur Okinawa bien plus que dans n’importe quel livre. Il me raconte notamment que le régime alimentaire mondialement connu est maintenant de l’histoire ancienne, car les grosses enseignes américaines sont bien implantées, et n’aident pas trop à devenir centenaire. Il me raconte comment il chasse les serpents pour les vendre, ces pauvres bêtes ont un triste sort puisqu’elles sont plongées vivantes dans des bouteilles de saké. Et il n’est pas rare de trouver ce genre de boisson dans les supermarchés ou les restaurants ; soit disant ça améliorerait les performances sexuelles … On fait un tour dans un patchinko aussi le soir. Des grandes salles de jeux d’arcade assez abrutissants. Le bruit qui règne dans ces lieux est démentiel. Drôle d’expérience. Enfin, Okinawa est aussi connue pour ces magnifiques plages d’eau turquoise. Et c’est vrai qu’on est gâté à ce niveau là. Enfin, on aurait été très gâté si on n’avait pas pris un typhon pendant trois jours. Je recevais même des alertes SMS en japonais pour m’avertir de la tempête.
Le karaté est donc le 5ème sport de combat que je fais depuis que j’ai débuté le World Sport Challenge (après la lutte, le taekwondo, la boxe et le judo). Moi qui étais très étranger à ces sports, je commence à m’y faire. Le karaté me fait vraiment penser au taekwondo (Challenge 😎. Et grâce aux bases que j’ai acquises à Séoul, j’étais pas trop perdu. Bon, je reste un novice et les katas restent extrêmement dures pour moi. Mais la gestuelle était analogue. Le premier cours que j’ai eu avec Takeshi était un cours particulier. J’ai pu apprendre des techniques et découvrir le matériel qu’ils utilisent. Pas besoin de design dernier cri, on peut souvent faire de la préparation physique avec tout un tas d’objets (de la vie quotidienne, ou de chantier, ou qu’on trouve dans la nature). Son père me parle beaucoup de la philosophie autour de ce sport. Ça fait partie intégrante de sa vie. La répétition quotidienne de mouvements, la concentration, la conscience du corps et de l’esprit… Il a aménagé un dojo à l’étage de sa propre maison et tous les matins au réveil il s’exerce. L’apprentissage est infini, toujours en recherche de maîtrise. Ce qui m’impressionne le plus, c’est la puissance dégagée quand Takeshi me fait des démos de coups de poing ou de pied. J’imagine que recevoir un coup comme ça peut être fatal. J’étais complètement subjugué par ses coups de pied sur la planche. On le voit pas sur la video mais il tape avec le devant des orteils. Impossible à faire pour moi. J’ai raté l’entraînement du soir car je me suis perdu un peu dans Naha. C’était dans un autre dojo. Je suis arrivé après une heure de course dans la moiteur de la ville, donc totalement trempé, avec quelques minutes de retard. J’ai donc assisté à l’entraînement en tant que spectateur. J’ai vu un groupe qui s’exerçait au maniement du katana. L’instructeur ressemblait comme deux gouttes d’eau à Pai Mer dans Kill Bill. Le lendemain, je me retrouve dans un entrainement en groupe. Quasiment que des ceintures noires mais je commence à avoir l’habitude. Beaucoup de Français, venus exprès pour le Karaté, puis des Tchèques et quelques Japonais tout de même. Je suis paumé dès l’échauffement rien que pour compter jusqu’à 10 en japonais. Mon voisin anticipait bien et comptait à ma place lorsque mon tour venait. Après, le niveau des Katas était vraiment trop élevé. J’essayais de copier mais j’avais toujours un temps de retard. Un des jeunes Français m’a dit que certains enchaînements étaient de niveau 5ème Dan … Encore une belle aventure avec un sport qui demande beaucoup d’exigence, notamment dans la précision des mouvements. Excellent pour travailler le contrôle de soi, la proprioception et la kinesthésie, le relâchement et la tonicité, pour développer le plus d’énergie possible en fin de coup (c’est un peu le principe du fouet). On découvre certaines sensations et j’imagine que le plaisir augmente avec la maîtrise. Sport de combat mais pas de combat cette fois-ci. Peut-être c’est mieux comme ça 🙂 C’est une approche très traditionnelle de l’activité que j’ai vécue (karaté Shorin Ryu). Et bien que ce sport dégage force, puissance et rudesse ; je suis marqué par la gentillesse, la douceur, l’accueil chaleureux de tous les pratiquants que j’ai rencontrés là-bas. Ce qui sous-entend une belle philosophie où les valeurs humaines sont centrales. Je sais pas si c’est la chaleur ou les entraînements mais j’arrive au bout de cette quinzaine complètement mort. Et j’ai juste envie de rien faire. Ça tombe bien, les deux derniers jours à Okinawa sont consacrés au farniente et j’ai pu profiter des plages de sable fin. Cette escapade au Japon m’aura fait découvrir un univers totalement à part, et parfois dingue et je comprends pourquoi certaines personnes peuvent être fascinées par cette culture. C’est un pays que je conseille à tous les fans d’arts martiaux, karaté évidemment mais aussi judo ou lutte sumo. Mais si vous aimez l’architecture, les mangas, les jeux vidéos, la gastronomie, les paysages et le dépaysement, l’histoire, l’art et les traditions, la mode, la modernité, le shintoïsme, les cerisiers en fleur, les studios Ghibli ou la Princesse Zelda, ce pays vaut aussi la peine d’être découvert. A très bientôt