Bula
Je tenais vraiment à découvrir le rugby fidjien car ils ont démontré lors des Jeux de Rio 2016 Olympic Games une supériorité sur toutes les autres nations dans le Seven Style. Mais au-delà de leur performance, c’est cette spontanéité et créativité dans le jeu qui m’avaient marqué. Comme bien souvent depuis le début du World Sport Challenge, je n’avais pas anticipé mon arrivée sur ce petit archipel du Pacifique Sud. J’avais contacté Franck Boivert, qui travaille à la fédération fidjienne de Rugby mais il était en vacances à Perpignan lors de mon séjour. J’ai donc fait comme d’habitude : observer et me rendre directement là où ça joue. Dès les premiers instants, je savais que la tâche serait aisée puisqu’il y avait des gamins qui jouaient au rugby sur la plage. On pressent alors l’importance de cette activité dans le pays.
A #NadiBay, là où j’avais posé mes affaires, j’ai rencontré un homme au gabarit plutôt imposant, comme la majorité d’entre eux ici, avec un ballon de rugby dans les mains. Je suis allé le voir pour lui parler de mon projet. Il faut savoir qu’ici tout le monde se salue partout où on est et est très avenant lorsqu’on entame une conversation. Jo me propose qu’on se rende dans la soirée au village de Saunaka, Western, Fiji, tout près de Nadi, pour rencontrer son frère qui s’occupe de l’équipe du village. Le rdv est pris, je commence l’entraînement le lendemain. Je découvre alors le village en pleine journée. Je suis en avance pour l’entraînement et en profite pour me promener un petit peu. J’ai pas fait 10m qu’une dame vient me saluer et me demande de retirer ma casquette parce qu’on était à l’intérieur du village, par signe de respect. J’ai trouvé ça très bien (moi qui bataille toute l’année avec mes étudiants pour qu’ils retirent leur casquette lorsqu’ils rentrent dans la salle de musculation). Et je me rends compte aussi que le respect compte énormément pour tous. J’ai pu le constater tout au long de mon séjour lors de mes rencontres. Je m’assieds au pied de l’église lorsqu’un gamin vient me voir pour échanger et savoir pourquoi j’étais là. Il a comme pratiquement tous les enfants un ballon de rugby à la main. Sur le terrain de rugby avant l’entraînement, de nombreux jeunes jouent au ballon et m’invitent à partager avec eux. Les premiers gars arrivent, on commence alors à courir puis à se faire des passes. Les joueurs arrivent au compte gouttes pendant une demi heure. C’est ce qu’on appelle le Fijitime : pas de stress et on est pas trop à cheval sur les horaires. Avant de commencer les premiers exercices, on se rapproche tous en cercle pour faire la prière. Puis, le coach m’a demandé de me présenter au groupe et d’expliquer pourquoi j’étais là. L’accueil des joueurs est à l’image de la gentillesse et de la générosité de tous les gens ici. On commence la séance par un quart d’heure de touché. Les gabarits sont naturellement assez imposants mais ça galope dans tous les sens. Je trouve assez facilement mes marques dans le jeu et prends un plaisir fou à être avec eux. La suite de l’entraînement est composée surtout d’exercices physiques : beaucoup de course, mais aussi du renforcement musculaire avec des pneus.
Les conditions sont très rudimentaires : le terrain est très sec et les lignes ne sont pas tracées, il n’y a pas de vestiaires mais le terrain est au centre du village. Il y a une petite salle de musculation avec un minimum de matériel (une cage à squat, une barre de traction, 2 bancs et quelques haltères). Les entraînements commencent vers 16h30 et on joue jusqu’à la tombée de la nuit. Un long discours de Uraia Toga, un des 2 coachs, clôture la séance et un longue prière tous ensemble. Je vous promets qu’on ressent des frissons dans un groupe comme ça. J’ai pu participer à tous les entrainements du début de la semaine. C’était super. Ce qui m’a marqué le plus, c’est la simplicité avec laquelle tout le monde m’a accueilli. Il m’ont intégré comme l’un des leurs. Avant de quitter l’île principale pour Mana Island, le coach m’a invité à manger chez lui. Les gens ici ont le cœur sur la main. Cette famille a même souhaité m’inviter à la messe le dimanche lors de mon retour et juste avant que je prenne l’avion pour Auckland. J’étais comme dans un cocon à partager des moments de vie avec eux. Une fois de plus, le sport m’a ouvert des portes et j’ai pu découvrir bien plus sur la culture. Et je le redis, la générosité est ce qui m’a le plus marqué. Dans le village, toutes les maisons sont ouvertes, tout le monde se connait et tout le monde s’entraide. J’ai l’impression que le bonheur de chacun se construit de manière collective et c’est une vraie leçon de savoir-vivre.
Une petite anecdote pour finir mais ça n’a rien d’anecdotique tant le rugby fait partie de la culture du pays. Lors de mon excursion de quelques jours à Mana Island pour aller plonger, j’étais loin d’imaginer que sur cette île de 1km de long seulement, j’allais participer à un cours d’EPS avec les enfants de l’école. Alors qu’on rentrait de la plage avec Paul, un de mes amis routards, on a décidé d’aller voir l’école. C’est alors que le professeur nous a invités à jouer au rugby avec les enfants. Quelle expérience et quelle joie de voir les petits aussi épanouis avec le ballon. Et déjà, ce qui fait la marque des grands joueurs fidjiens se retrouve dans l’attitude des jeunes : des appuis de feu et des crochets dans tous les sens (pourtant pieds nus sur un terrain avec plein de chardons), et des passes chisteras et de la créativité !
Cette aventure fidjienne est vraiment à l’image du World Sport Challenge et des valeurs que je défends dans mon projet.
(Ps : les enfants derrière la caméra c’est super de les voir s’éclater à filmer, mais pour rushes, c’est loin d’être idéal …) Je n’ai malheureusement pas les moyens techniques de Manuel Herrero - Les Nouveaux Explorateurs ou d'Antoine de Maximy pour présenter un vrai reportage… ça reste tout de même assez authentique et c’est le principal.