Je débarque à Noël en Chine pour relever 2 challenges : le tennis de table et le badminton. Les Asiatiques, et particulièrement les Chinois, excellent dans ces sports de raquette.
J’ai pris contact avec Emilie, une Française expatriée à Pékin depuis quelques années, et amie d’Elvie et Arnaud, qui m’ont offert l’hospitalité dans la capitale chinoise.
Premier point : Le badminton Elle a l’habitude de jouer à Shichahaï, en plein centre de la ville. C’est en quelque sorte une école pour jeunes sportifs chinois prometteurs. Tous les sports sont représentés et les installations sont remarquables. Je suis particulièrement attentif à ce genre de détail dans la mesure où je m’occupe des installations sportives de l’Universitié Paul Sabatier à Toulouse. Emilie m’avait bien expliqué quel était le bâtiment réservé au badminton j’ai trouvé sans problème. J’arrive un peu en avance. Je me promène un petit peu dans toutes les salles et ce qui frappe à première vue, c’est le drapeau chinois omniprésent.
La communication est extrêmement compliquée en Chine (à moins de parler chinois, ce qui est loin d’être mon cas). Lorsque je pénètre dans le hall de badminton, une dame vêtue du jogging de l’équipe nationale m’indique un terrain sur lequel je dois attendre. J’en profite pour regarder l’entraînement des jeunes. Ils ne ménagent pas leurs efforts.
Des groupes plutôt loisirs et adultes font des doubles. Emilie leur explique que je souhaite jouer avec eux et que je vais aussi placer la caméra. Ils m’invitent donc volontiers à faire des matchs de double. Je sais jouer au badminton mais j’étais totalement perdu dans les comptes. Ils ne changent pas de côté à la fin d’un set. Et les annonces en chinois m’étaient totalement incompréhensibles. J’ai donc fait 2 matchs de double avec partenaires et adversaires différents. Ca joue sérieux et c’était vraiment sympa. Par contre, je sais pas s’ils ont des yeux différents des nôtres mais souvent un volant qui tombait sur la ligne, un peu bord externe, était jugé faute… J’ai voulu ensuite les défier en simple mais ils ont décliné l’offre (une des raisons est qu’il était 22h30 et la plupart repartaient en métro et ne pouvaient pas s’attarder plus….). J’ai donc jouer en simple contre Emilie et ses 2 amis. Je retrouve peu à peu certaines sensations dans ce sport et c’est très plaisant.Le badminton est partout en Chine. Il est très fréquent de voir des joueurs taper le volant dans la rue ou dans les parcs. A Chengdu, ville du Sichuan où je me suis rendu après Pékin, les terrains sont tracés dans certains parcs. Des petites boutiques entièrement dédiées au matériel de badminton et de ping-pong sont très nombreuses. Et Lin Dan, qui a gagné 2 fois les JO en simple homme, est une super star là-bas. Son effigie est affichée dans tous les magasins de sport.
J’ai eu de la chance de jouer dans ce temple du sport pékinois, un 27 décembre car à partir de 2017, les créneaux publics seront complètement supprimés. Le centre sera uniquement réservé aux clubs et aux sportifs élites. On sentait les gens nostalgiques un petit peu. Et tous les joueurs ont souhaité faire une photo de groupe à la fin, comme pour marquer la fin d’une aventure. Photo prise évidemment sous le drapeau chinois.L’aventure badminton se poursuit en Malaisie. Pourquoi là-bas. Encore une nation asiatique qui domine ce sport et figure toujours parmi les mieux classées. Pour la petite histoire, Lee Hong Wei a atteint 3 fois la finale des JO en simple et a perdu à chaque fois contre un chinois, 2 fois contre Lin Dan et à Rio contre Chen Long.
En cherchant sur Google Maps à Kuala Lumpur (enfin je peux me promener librement sur internet !!!), je remarque que les halls de badminton sont partout dans la ville. Et ce ne sont pas des gymnases comme on peut voir en France où les terrains de badminton sont tracés, au milieu des lignes des terrains de volley, basket, hand etc … et où les filets et poteaux ne sont jamais installés ni disponibles ; à tel point qu’il est quasiment impossible de jouer au badminton en France si on n’est pas dans un club, ou si on n’est pas collégien ou lycéen (activité largement représentée en scolaire, et tant mieux). Ici, en Malaisie, les halls de badminton sont des salles difficilement visibles de la rue, car dans de grands immeubles et exclusivement dédiées à la pratique de ce sport. Ca joue sur tapis, les poteaux sont fixés au sol et les filets sont installés, les éclairages sont pensés pour ne pas gênés les joueurs (à savoir à mi hauteur et sur le long des couloirs des terrains. Les conditions sont idéales. Je n’ai pas vu un seul volant en plastique, ça joue exclusivement en plume. J’ai donc regardé un peu sur Facebook comment je pouvais aller jouer dans ce genre de salle. Et j’ai trouvé la page de Jérôme Lim, qui propose des soirées de badminton. Souvent que des doubles. Pas toujours dans la même salle. C’est vraiment génial. J’étais accueilli très chaleureusement par les joueurs, qui sont des habitués et se connaissent tous. Le principe est qu’il n’y pas de temps morts. Dès qu’une place se libère sur un terrain, on rentre et on joue : on ne discute pas du partenaire ni des adversaires. Les équipes ne sont jamais les mêmes et les adversaires non plus. C’est un vrai exercice d’adaptation à chaque fois. Mais au bout de quelques matchs on commence à cerner les points forts et les points faibles de certains joueurs ; et aussi des comportements différents en fonction du partenaire auquel ils sont associés.
On joue plus de 3h sans interruption. La chaleur est étouffante et je finis la session complètement rincé. C’était là aussi une super expérience. Ca joue sans se prendre la tête. Je n’ai vu aucune saute d’humeur, ça ne râle jamais. Il n’y avait que moi qui m’agaçait lorsque je ratais un volant facile. Le désir de jouer et de passer un bon moment est largement supérieur au désir de victoire. Ce qui génère une atmosphère très saine et enlève toute frustration. La manière de compter est assez curieuse. Un match est composé d’un seul set de 21 points, il n’y a pas de changement de côté.Et lorsqu’une équipe arrive à 10, on reprend à 0 pour aller jusqu’à 11. Donc il peut y avoir 1 à 5 et ceux qui ont 1 mènent au score (car c’est en réalité 11 à 5 …). Bref, ça change pas grand chose. Peut être ne connaissent-ils pas les nombres au-delà de 11 !!! :)
J’ai expliqué mon projet à différents joueurs qui me posaient des questions par rapport au caméscope. Et ils sont tous unanimes dans leur réaction : c’est un super projet et c’est bien de promouvoir la pratique de leur sport à l’étranger.
2 pays pour une activité et 2 approches différentes. Le score et le résultat tiennent plus à coeur les Chinois. L’important est de gagner (et de voir le volant faute même s’il est extérieur ligne …).
Tennis de table
Le lendemain du badminton à Pékin, je me rends toujours à Shichahaï pour aller au hall de ping-pong. Je rentre dans une salle au hasard et tombe sur des boxeurs qui viennent de finir leur entraînement. Comme il est impossible de se comprendre, je leur montre une raquette de ping-pong. Ils percutent et un d’entre eux m’amènent dans le bâtiment en question. Je tombe sur l’entraînement des petits. Ils sont vraiment très jeunes. J’observe un temps. Les jeunes sont réglés comme des horloges. Un des jeunes guident l’échauffement, en rythme, comme à l’armée. Tout le monde connait les routines par coeur. Ensuite, ils remplissent des bassines de balles et commencent à servir. La salle comporte une trentaine de table.Dans le fond, certaines s’entrainent par petits groupes. Ca répète inlassablement les exercices. Des enchainements de 3 ou 4 coups et des rotations de joueurs. Il n’y a pas de temps mort. Le coach donne une cadence infernale dans les envois de balle. Il ne casse pas le rythme lors d’un changement de joueur, ils sont prêts et rentrent en jeu immédiatement lorsque c’est leur tour. Ce qui m’a frappé, c’est la rigueur et l’exigence de l’entraîneur. Il n’y pas bien sur aucun comportement déviant. Par contre, il arrive que certains jeunes se fassent sévèrement grondés (et humiliés) lorsqu’ils ratent trop souvent la balle. On comprend alors pourquoi les Chinois sont archi dominateurs dans cette discipline. Depuis tout petits, ils s’entraînent à ne pas rater la balle pour éviter toute réprimande. Je suis sur le bord à les observer depuis 1 h et personne n’est venu me voir encore. Sûrement le blocage de la langue. Quand un des coachs me demande ce que je fais là, dans un anglais plutôt correct. J’explique mon projet mais ne saisit pas vraiment. Il me dit de revenir demain. Je lui dis que j’aimerais quand même jouer contre ses jeunes un petit peu. Ils me laissent jouer, légèrement à contre coeur. Il me dit qu’il doit partir et que je peux jouer 5 minutes avec eux. Il en profite pour me donner 2 ou 3 conseils techniques avant de partir. Les jeunes se disputaient pour jouer avec moi, ils étaient si contents que je suis resté au final 3/4 d’heure. C’était un peu la récré pour eux après la rigueur de l’entraînement. Sans qu’on puisse se parler, ils ont vite compris que s’ils servaient comme en compétition, je serais incapable renvoyer la balle. Ce moment avec ces jeunes était un vrai privilège et j’ai pu me rendre compte de l’incroyable écart de niveau entre moi et eux. Les effets sont extrêmement complexes, juste insaisissables.Dans un pays où la communication est quasiment impossible, évidemment à cause de la langue, mais aussi à cause de références culturelles totalement différentes, le sport a permis de réels échanges avec les locaux. Comme à chaque fois, un vecteur de rencontre extraordinaire.
Le trip extra sportif
J’arrive à Pékin dans un froid glacial et l’air est saturé de particules. Je me rends dès mon premier jour à la Grande Muraille de Chine. Plusieurs options s’offrent à moi mais je me retrouve sur le site de Badaling, pas le plus authentique et surtout déconseillé en haute saison, car pris d’assaut par les touristes. Heureusement, on est fin décembre et il fait -10 degrés couplés d’un vent glacial, et la muraille est quasiment vierge de monde. Par ailleurs il suffit de marcher 10 min pour se retrouver tout seul, la raideur des escaliers avant découragé quasiment tout le monde. Se promener sur cette majestueuse muraille n’est donc pas de tout repos. Ce qui est dommage à Badaling, c’est d’être limité. On arrive quelque soit le chemin emprunté à une tour de garde qui bloque le passage.
Je me souviens de mon escapade 2 ans et demi auparavant, en été, à Mutianyu, où un écriteau disait : « à partir de ce point, plus aucun point d’eau pendant 6 km … ». La muraille était beaucoup authentique là bas, délabrée et envahie par la végétation paraissait surtout infinie ! On pouvait se retrouver dans le silence le plus total (ce qui est rare en Chine (que ce soit en ville bien sur, mais aussi sur les lieux touristiques, où les nuisances sonores des visiteurs sont systématiques. Une des photos de mon séjour de 2014 est celle de la photo de couverture Asia Tour de la page Facebook.
Ce brouhaha humain était particulièrement agaçant à la réserve des Pandas Géants de Chengdu, où tous les 10 m il y avait un panneau demandant le silence, pour ne pas déranger les animaux. Non seulement tout le monde crie sans aucune gène, mais le pire c’est que les gardiens du parc passe au milieu de la foule avec un mégaphone pour demander le silence …. quel paradoxe !!! J’ose même pas imaginer ce que ça peut être en été lorsque c’est plein de monde… les pauvres animaux ne doivent pas trop se montrer je pense.
A 1h de train de Chengdu se trouvent les montagnes de Emeishan ! Paysages incroyables où les temps bouddhiques sont perchés en haut des monts et dominent une vallée brumeuse. C’est un peu la Chine comme on l’imagine, comme on la rêve, comme elle est représentée dans certains manges ou dans les films d’Ang Lee. Le temple le plus étant à plus de 3000 m d’altitude. C’est une des 4 montagnes sacrées du Bouddhisme et du Taoïsme présentes en Chine. Une randonnée là-bas est chargée de spiritualité. Sauf que malheureusement, les hôtels et restaurants poussent autour de chaque temple et on est constamment assailli par des vendeurs lors de la randonnée. Le site s’en trouve complètement dénaturé et c’est un peu regrettable. La quête du Yuan est bien plus forte que toute quête spirituelle… Routes et téléphériques permettent même d’arriver au sommet sans quasiment marcher… On trouve même des moines faire des selfies devant les temples ! Là aussi, je n’ose pas imaginer une visite en haute saison estivale. Si on compare au Macchu Picchu que j’ai visité il y a 2 ans, l’approche touristique n’a rien à voir. La cité inca est perchée sur la montagne, au même titre que les temples bouddhiques en Chine, sauf qu’elle est vierge de toute activité mercantile. Elle est hyper bien préservée, car le nombre de visiteurs est limité à 2500 par jour (et donc requiert une réservation environ 1 mois à l’avance) et toute l’activité marchande (hôtellerie, restauration, boutiques) se concentre dans la petite ville d’Aguas Calientes, à 1h30 de marche sous la cité. On peut ainsi visiter un site authentique. La différence est le prix de 60 euros (de mémoire pour le Macchu Picchu) contre 12 euros pour les temples d’Emeishan. 2 approches différentes du tourisme de masse.
Ma "petite anecdote"
Encore une anecdote sur cette randonnée. Il y a des spots où l’on peut voir des singes. Ce qui attire évidemment la curiosité des touristes. Les gens du parc les nourrissent même pour les faire venir. Mais lorsqu’ils sont trop « envahissants », ils les canardent avec des pétards et utilisent des lance-pierre pour les faire fuir. Je ne comprends pas bien la logique là non plus.
Par rapport à mon dernier séjour qui était en été 2014, j’ai remarqué quand même des changements ici. Je trouve que les gens crachent moins dans la rue (ça m’avait marqué à l’époque), tous les trains que j’ai pris sont ultra modernes (et je ne me suis pas retrouvé debout pendant des heures littéralement collés aux gens mastiquant des pattes de poulet, à piétiner dans la soupe renversée au milieu d’un nuage de fumée … du vécu plusieurs fois). Et surtout beaucoup moins de personnes qui t’arrêtent dans la rue pour te prendre en photo. D’autres choses ne changent pas vraiment, les piétons sont inexistants face aux voitures, même si le bonhomme est vert et que vous êtes sur le passage clouté. L’anglais est toujours très peu parlé.
Un paradoxe de ce pays est qu’il censure un grand nombre de site internet essentiellement US (Facebook, Google, Instagram …. ) mais Mc Do et KFC sont présents tous les 100m. C’est une chose de vouloir contrôler l’information mais il ferait bien de contrôler l’alimentation aussi, afin d’éviter les dérives nutritionnelles nord-américaines. :)
Mon excursion à Kuala Lumpur m’a fait du bien : déjà les 30 degrés degrés c’est une renaissance après le froid glacial de Pékin, mais aussi le fait de pouvoir parler aisément à n’importe qui et d’être compris.
Encore un voyage très riche en découvertes, et de belles expériences sportives !
À bientôt pour les nouvelles aventures !