Sprint - Jamaica - Challenge #24
Ce qui m’est arrivé à Kingston 🇯🇲 est incroyable. Je ne sais pas si c’est la meilleure vidéo … mais c’est sans aucun doute la plus belle aventure que j’ai vécue. Pouvoir côtoyer Yohan Blake pendant ses entraînements est une chance folle. C’est un champion hors norme. Le plus jeune champion du monde du 100m, double médaillé d’argent sur 100 et 200 aux JO de Londres, et bien sûr champion olympique en 2012 et 2016 avec le relais jamaïcain. C’est le 2ème homme le plus rapide de l’histoire derrière son compatriote Usain Bolt avec 9.69 sur 100m et 19.26 sur 200m.
Et pourtant, cette star de l’athlétisme m’a ouvert les portes de ses entraînements en toute simplicité. Sa sympathie et sa générosité égalent son talent. Il est d’un naturel déconcertant. Et on se sent tout de suite à l’aise.
On me demande souvent comment je l’ai contacté. Il faut juste savoir que je suis parti en Jamaïque avec l’idée de faire du sprint, mais comme bien souvent lors de mes aventures, sans aucune préparation.
En arrivant à Kingston, je me suis rendu directement sur la célèbre piste bleue de l'université West Indies pour voir le lieu où sont passés tant de champions. Le premier contact que j’ai eu est le gardien du stade. Celui-ci ne voulait pas me laisser rentrer, prétextant que c’est un endroit interdit au public. Après avoir bataillé 10 min, j’ai pu négocier d’aller voir la piste quelques minutes. Au final, j’ai regardé l’entraînement des 3 coureurs présents ce matin-là. 3 jeunes anglais en stage d’athlétisme en Jamaïque. Je leur demande si c’est possible de pratiquer. Ils me disent qu’il y a plus de monde le soir. Je prends quelques photos souvenirs puis je m’en vais, bien décidé à revenir en fin d’après-midi. Quelques heures plus tard, me revoilà en pleine négociation avec le gardien, qui ne m’avait pas oublié. Je réussis tout de même à rentrer. Encore une fois, très peu d’athlètes s'entraînent. Je me dirige alors vers un des entraîneurs qui se trouvent dans sa voiture sur le bord de la piste. Je lui fais part de mon projet et de mon désir de découvrir le sprint ici en Jamaïque. Il m’écoute jusqu’au bout sans dire un mot. Puis me dit : « Est-ce que tu veux t'entraîner avec Yohan ? » Yohan ?? « Oui, Yohan Blake ! » Je tombe des nues. Mais je comprends que sa proposition est sérieuse et il me donne rdv le lendemain à 11h. Je n’arrête pas d’y penser toute la soirée. J’ai même du mal à le croire. Mais le lendemain, je me retrouve bien avec Yohan Blake sur la piste, et ses 2 entraîneurs Patrick et Fearon. Je présente vite fait mon projet à Yohan et il m’invite à commencer les gammes. Voilà comment ça s’est passé.
Le hasard nous donne parfois de merveilleux cadeaux.
Dans ma tête, je me disais que si j’arrivais à faire ne serait-ce qu’une course avec Yohan Blake, mon séjour serait déjà gagné. Non seulement, j’ai fait tout l'entraînement mais il m’a proposé de venir à tous les autres entraînements jusqu’à mon départ. Je suis comblé. J’ai pu vivre tous les types de séances : la vitesse longue bien lactique, les chariots, les départs en start, la vitesse courte, les sauts sur haies…. Ce que j’ai vécu est presque indescriptible. Et la vidéo ne montre pas tous les échanges entre les courses.
L’entraînement est très bien planifié, et suit une vraie logique de progression, avec des cycles, mais aussi au sein de la semaine. Les coaches notent tout le contenu et les chronos dans un cahier à chaque séance (même les miens 😄)
La routine d’échauffement :
20 à 25 min de gammes, sans se presser. Avec retour très cool en marchant. Très peu de gammes différentes mais répétées de nombreuses fois (montées de genoux, skipping, jambes tendues, parfois course arrière).
Ensuite, préparation avec Fearon, le physiothérapiste, sur la table de kiné au bord de la piste (étirements, massages etc …) pendant un quart d’heure environ.
Puis, on met les pointes et la séance démarre.
L’intensité est le plus souvent maximale, et les temps de récupération entre les courses sont longs.
Puis après, l’après-midi, il va à la muscu et Fearon l’étire et le masse pour finir la journée (parfois pendant 3 heures … ses mains en savent quelque chose …)
Sa semaine type, c’est 5 entraînements sur piste le matin, 4 muscu l’après-midi et un travail plutôt léger (proprioception, travail postural, temps de réaction .. le samedi).
La semaine que j’ai vécue
Jeudi : 250 - 150 - 110 - 90 - 250 Vendredi : chariot 4 x 30m, vitesse courte 4 x 25m, force explo sur les haies Lundi : 5 x 60 ; 3 x 150 Mardi : 300 - 250 - 180 (normalement 2 séries) Mercredi : 4 x 60 m départ en start
Il se donne à fond à tous les entraînements. Il me dit que toujours finir les séances en respectant les temps forge son mental. J'adore ce sport, mais ça reste l'un des plus durs. Surtout à ce niveau-là où on se prépare 4 ans tous les jours pour un événement. Il faut énormément de courage et d'abnégation pour encaisser les entraînements ; et les athlètes auront toujours mon plus profond respect.
J’ai adoré échanger avec les entraîneurs et j’ai énormément appris en peu de temps. Rien n’est fait au hasard et ils peuvent presque anticiper les progressions en fonction de la programmation. Ce qui est bien utile pour gérer le pic de forme.
Ils entraînent les meilleurs mondiaux et ont tout de même partagé sans retenue leurs connaissances, leur expérience, les contenus des séances… Grâce à eux, grâce à Yohan, ce séjour aura été exceptionnel à tout point de vue. Pour info, il a fait sa rentrée le weekend de mon départ, dans une compétition à Clermont, en Floride, et a gagné en 9.98.
Hormis le soleil et les coups de klaxon qui sont plutôt agressifs, les gens sont tous très cool et très ouverts. Ils se saluent dans la rue (comme j’ai pu le voir à Tahiti ou aux Fiji). Ils sont enclins au dialogue et c’est facile d’apprendre beaucoup sur la culture du pays juste en parlant aux gens dans la rue. Je me suis aussi régalé à manger tous les midis dans mon «rastaurant» où j’ai goûté les plats typiques de la culture rasta, préparés par un cuisto aux longues dreadlocks, toujours souriant, vêtu d’un habit vert, rouge, jaune et avec un grand cône au bout des lèvres. On pouvait d’ailleurs se procurer de l’herbe dans ce restaurant. Mais bon, c’est peut-être pas la meilleure idée pour le temps de réaction dans les starts… j’avais déjà assez de handicaps sur la piste 😆. Ici, tous les produits sont bio (puisqu’il n’y a pas de pesticides sur l’île). Ce qui donne aux fruits et légumes beaucoup de saveur.
J’avais à coeur de venir en Jamaïque pour découvrir la culture autour de l'athlétisme et j’ai été comblé. Ce sport, qui a vu éclore de nombreux champions, est le plus populaire ici. Il faut rappeler que dans les 10 hommes les plus rapides de tous les temps, la moitié d’entre eux sont Jamaïcains. Lors des Boys and Girls, championnats scolaires d’athlétisme, le stade de Kingston est plein à craquer. La ville, portée par le bruit des vuvuzelas, est en effervescence pendant ces quelques jours.
A ce stade là, quoi qu’il arrive par la suite, mon projet du World Sport Challenge est pour moi gagné. Cette étape marque l’apogée de l’aventure. Je ne pouvais pas rêver mieux : pratiquer mon sport de prédilection avec un immense champion, sur les terres qui ont vu émerger les plus grands, les légendes de ce sport.
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