Escrime - Rome - Challenge #21
Une nouvelle aventure totalement improvisée qui s’est passée admirablement. Je me retrouve donc à Rome pour découvrir l’escrime. Beaucoup m’ont demandé pourquoi je ne faisais pas ce sport en France ?? C’est vrai que le choix était difficile. Mais plusieurs raisons m’ont dirigé vers l’Italie. Premièrement, si je n’y allais pas pour l’escrime, pour quel sport aurais-je pu m’y rendre. Le sport national est le football, comme la moitié des pays du monde d’ailleurs. Mais j’ai prévu de faire cette activité ailleurs (et très bientôt…). Rome est une ville extraordinaire et j’avais à coeur de l’inclure dans le World Sport Challenge.
L’escrime occupe en Italie une place très importante. On ne le sait pas mais les Italiens sont les plus titrés aux JO, devant la France. Enfin, je me suis dit que l’escrime serait un bon sport pour voir la bonne foi et le fair-play caractéristiques des sportifs italiens ^^ Et à ce niveau là, je n’ai pas été déçu ! (voir la 2ème partie de la vidéo… à partir de 4 min)
J’arrive donc à Rome sans aucune préparation. Comme d’habitude, je n’ai pas le temps d’anticiper mon séjour. Mais hormis le tir en Allemagne où la tâche s’est avérée plutôt ardue, j’ai toujours eu de bonnes surprises partout ailleurs lorsque je me présentais à l’improviste. Et au fond de moi, je n’étais pas inquiet par rapport à l’accueil italien.
Une fois sur place, je regarde donc l’emplacement des clubs d’escrime sur le plan de la ville. Et, encore un signe, de nombreux lieux s’affichent. Preuve que ce sport est vraiment implanté dans la culture du pays. La plupart des clubs sont en périphérie mais il en existe un au coeur du centre historique de la ville. Je pourrais parler de Rome indéfiniment. C’est un musée à ciel ouvert. Ville éternelle, chargée d’histoire… Il n’y a pas un coin de rue sans tomber sur une merveille. Le revers de la médaille est l’énorme affluence de touristes, notamment devant la fontaine de Trevi, dans laquelle on peut jeter son argent, comme si la vie d’un touriste à Rome n’était pas chère :) … Lorsqu’on est décalé comme moi, on apprécie aussi l’atmosphère de la ville en l’arpentant de nuit.
On s’imagine il y a 2 millénaires. C’est une vraie plongée dans l’histoire. Et lorsque je me rends dans le club d’escrime, ce sont les mêmes sensations. Je suis alors transposé dans le temps, dans une époque médiévale. La salle d’armes de l’Accademia d’arme Musumeci Greco est magnifique. Un bâtiment ancien de brique, de bois et de pierre de taille, qui arbore sur ses murs de nombreuses armes antiques. Pour ceux qui connaissent un peu la ville, le club est à 50 mètres du Panthéon (qu’on aperçoit en début de vidéo). Il y a 4 pistes d’escrime et la salle est équipée de système électrique pour juger les touches. Toutes les conditions sont réunies pour découvrir cette discipline dans les meilleures conditions. L’escrime est un des 4 sports qui figurent au programme de toutes les éditions des Jeux Olympiques modernes (avec l’athlétisme, la natation et la gym).
Je me présente donc sans parler de mon projet et j’ai été de suite très bien accueilli. Ils m’ont proposé de pratiquer tous les soirs de la semaine (semaine de Toussaint donc au final, juste les 3 premiers jours, le jeudi étant férié et pont le vendredi…). Je leur ai tout de même présenté les raisons pour lesquelles j’étais là, puisqu’il fallait que je place les caméras dans la salle. Et ça n’a posé aucun problème.
Je découvre donc l’épée toute cette semaine. Une arme d’estoc. On peut toucher qu’avec la pointe, sur toutes les parties du corps. Et il n’y a pas d’histoire de priorité. Donc c’est totalement objectif. Je suis pris en main par Andrès, un coach colombien, en équipe nationale. Et ça m’arrange pour la communication. Même si je comprends un peu les consignes en italien, je suis bien plus à l’aise en espagnol.
J’avais déjà fait de l’escrime en 2ème année de Staps Toulouse (ça remonte donc à quelques années ….) et j’avais un souvenir mitigé. L'enseignante avait une approche très techniciste, et très militaire, limite martiale... Faut dire que je n’ai pas eu la chance d’être avec Gaël Touya, celui-ci étant trop occupé à glaner la médaille olympique… Mais avec l’approche pédagogique d’Andrès, j’ai de suite accroché à ce sport. Le travail de posture et de prise de l’arme est vite intégré et on passe assez rapidement à des formes d’attaque (repérer les bonnes cibles et les actions à mener en fonction de l’attitude de l’adversaire, puis l’amener à déclencher l’attaque qu’on souhaite avec certaines positions). On retrouve des similitudes avec la boxe dans sa forme tactique, sauf qu’on est dans un couloir, et avec une arme à la main ^^
Des ressemblances aussi avec le karaté, notamment dans la posture. La différence est qu’on est plus posé, plus calme en escrime. En karaté, c’est toujours en sautillement, pour réagir au plus vite pour se déplacer. On est plutôt sur un changement de rythme dans les attaques en escrime. L’accélération se fait de manière fulgurante lorsqu’on se trouve à distance de fente.
La fente est le mouvement le plus important en escrime. D’où les qualités de souplesse des escrimeurs. Et les courbatures qu’on peut avoir après certains entrainements. Par chance, les cours de fitness donnés à la fac m’ont bien préparé à ce challenge. Merci les filles de me faire souffrir chaque semaine …
Les dimensions tactique et émotionnelle sont aussi très présentes. On est obligé d’être très concentré à chaque point. Et la tension est toujours très haute. Réfléchir à comment toucher, sans se faire toucher, penser au score, deviner les intentions de l’adversaire, réfléchir à des probabilités (par rapport à des successions de touches similaires sur des points successifs…), ne pas s’affoler, occulter le score (qu’il soit à son avantage ou pas), garder son calme : c’est très facile de perdre ses nerfs (notamment quand l’adversaire à des problèmes de comptage de points …). Si je devais résumer, c’est comme une vraie partie de poker avec une dimension physique et technique. Le sport duel par excellence. Un sport à découvrir.
A bientôt
Pierre
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