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Judo - Tokyo - Challenge #18

Tokyo - Judo - Challenge #18

Une découverte totale aussi bien au niveau de l’activité que de la destination. Et je peux dire que je n’ai pas été déçu. A l’instar du karaté, je n’avais rien préparé au niveau du judo… si ce n’est récupérer un judogi à la fac avant de partir. J’ai en effet appris qu’on ne disait pas kimono pour les tenues dans les arts martiaux ; ce terme étant plutôt réservé aux robes à fleurs traditionnelles des femmes japonaises. « gi » veut dire tenue. Et celle de judo pèse son poids. D’ailleurs, je le sens bien quand je porte ma valise. C’est aussi une des rares fois où je suis à la limite de dépasser le poids autorisé dans l’avion. C’était une des problématiques des pratiquants que j’ai rencontrés puisqu’ils en emportent généralement deux. Ce n’aurait pas été un luxe pour moi. Mon judogi finit totalement trempé après chaque entraînement. Bien que la salle soit ventilée, il n’y a pas de climatisation, et je n’ai pas vu le mercure descendre sous les 30° durant tout mon séjour à Tokyo. C’est un peu comme si on s’entraînait dans un four. C’est dans l’emblématique Kōdōkan que je pratique. Cette école est fondée en 1882 par Jigoro Kano, l’inventeur du judo. Je ne peux donc pas trouver meilleur endroit pour découvrir cette discipline. Lorsque je me suis présenté à l’accueil, la première question était à propos de mon niveau et la couleur de ma ceinture. J’ai dit que j’étais débutant total mais que je souhaitais tout de même faire des randoris (combats d’entraînement sans enjeu de victoire) dont il est précisé qu’ils sont réservés uniquement aux ceintures noires . J’ai donc rencontré un des hauts-gradés pour avoir l’autorisation de pratiquer. En revanche, je n’ai pas le droit de prendre ma caméra avec moi et doit la laisser à l’étage. Ce qui rend les plans un peu aléatoires et une image forcément fixe. La vidéo sera forcément moins dynamique que celle du VTT… En fait, pour bien comprendre, le dojo se trouve au 7ème étage de l’immeuble, et est surplombé par des tribunes tout autour à l’étage au-dessus. Sauf que pour s’y rendre, il faut descendre par les escaliers jusqu’au 4ème et prendre l’ascenseur jusqu’au 8ème. Donc impossible d’aller gérer le caméscope entre deux randoris. J’ai eu la chance d’être accompagné par Olivier Brignon, qui se trouvait au Japon pour les Mondiaux Universitaires de Karaté, et qui a pu assister à mon dernier entraînement.

Ce lieu de pratique est magique et pourrait être le reflet de toute mon aventure : la rencontre de pratiquants du monde entier, la découverte de culture à travers le sport. Des judokas du monde entier viennent ici, dans le berceau du judo, pour apprendre et enrichir leur pratique. Moi qui suis un novice, j’ai l’impression que tous ont un niveau très haut. Ce qui est le cas. Mais le discours que j’entends très régulièrement, c’est que les combattants japonais ont quelque chose de plus. Un judo souple, rapide et précis. Le judo veut littéralement dire la voie de la souplesse. Et on le retrouve bien ici. Ils évitent toute crispation inutile pour sentir les déséquilibres de l’adversaire. Et lorsqu’ils attaquent, le timing est parfait, le geste va vite et la technique est maîtrisée. Je me retrouve donc intégré dans ces entraînements mais sans aucune connaissance de la culture du judo. J’apprends les codes petit à petit : saluer debout la salle en arrivant et en repartant ; saluer le tatami à genoux avant chaque randori, puis se tourner vers le partenaire pour le saluer ; enfin se saluer une nouvelle fois debout. Lorsqu’on se place à genoux, le plus haut gradé est toujours du côté du portrait de Jigoro Kano. Donc moi, j’étais toujours du côté de la sortie. A la fin d’un randori aussi il y a le salut, en prenant soin de bien remettre son judogi avant. Il y a d’ailleurs un sens pour la veste. J’ai eu droit à une remarque d’une Japonaise lors de ma dernière séance. En effet, je l’avais mis du mauvais côté, celui attribué aux morts … C’est peut-être parce que je décédais de fatigue après chaque entraînement qu’inconsciemment j’ai inversé ma veste. Là oui on retrouve la rigueur des arts martiaux, c’est sur le temps de pratique, la fin est donnée par des coups sur le taiko (tambour qu’on trouve dans les dojos, et dans la musique traditionnelle japonaise).

Avant de débuter le premier entraînement, j’observe quelques minutes comment ça se passe afin d’avoir une idée au moins de la position de garde. Le reste sera de l’improvisation totale et de l’apprentissage sur le tas. Chaque partenaire est différent et la plupart du temps, tous me donnent des conseils. C’est ainsi qu’en très peu de temps, j’ai la chance de pouvoir progresser sur de nombreux aspects. Et je remercie grandement tous les pratiquants avec qui j’ai pu combattre. Un des principes que je retiens est que lorsqu’on attaque, il faut sentir le bon moment (lorsque l’adversaire peut être en déséquilibre, qui se crée d’ailleurs avec des actions préparatoires : si on tire ou on pousse, quelle que soit la direction, la réaction de l’adversaire sera logiquement dans le sens opposé), puis d’établir le contact et d’avoir une continuité dans son action. Et c’est ce que me répète souvent Jonathan, mon ami belge : ne pas hésiter à continuer l’attaque si elle ne passe pas au premier coup. Quand on voit ce sport à la télé, on n’imagine pas à quel point ça peut être physique. Je finis souvent les entraînements totalement asphyxié, et le corps chargé de lactique. Je connais bien cette sensation avec l’athlétisme et je peux vous assurer que c’est similaire. Plusieurs fois, j’étais à la limite de vomir. Le soir du premier entraînement, je ne pouvais pas mettre les mains dans mes poches car j’avais les doigts à vif, dû aux frictions avec le judogi, et les mains tellement courbaturées que j’avais du mal à manger avec les baguettes ; ce qui est plutôt handicapant au Japon. Mais on est un peu tous logés à la même enseigne. J’ai rencontré un groupe de jeunes Bretons (ils sont partout y’a rien à faire …) encadré par Alexia Caillon (membre de l’équipe de France) et dont parmi eux Théo avec qui j’ai pu plaisanter sur l’état de ses mains, recouvertes de sparadrap. Le bilan de cette semaine de judo à Tokyo est super positif. Pouvoir entrer sur le tatami et faire des combats coopératifs étaient pour moi une vraie chance et la meilleure découverte possible. J’avais peur d’une approche très formelle, dans laquelle je n’aurais pas pu combattre si je n’avais pas appris à tomber par exemple. Je compare avec la boxe où j’ai dû beaucoup insister pour avoir un combat sur le ring, lors de mon dernier jour d’entraînement. Ici, j’étais dans le bain direct et je suis comblé. C’est même un sport qui me plairait de continuer en France (sûrement un jour si j’arrive à trouver des trous dans mon emploi du temps …) ———————— Brèves de Tokyo Comment ne pas parler un peu de Tokyo dans ce récit. Je connais un peu l’Asie, pour y avoir passé de nombreux séjours. Tokyo est à la fois très dépaysant mais très facile à vivre pour un Occidental. On est loin du trafic routier de Hanoï ou Jakarta, des chemins de terre de Delhi ou de Phnom Phen, de la faune de Bangkok ou de la complexité de Pékin. Ce qui marque est l’organisation, l’ordre et la propreté de cette mégalopole de 20 millions d’habitants. Il est compliqué de trouver une poubelle dans la rue, et il n’y a pas un papier par terre. Les camions de chantier ou des éboueurs brillent tous comme s’ils sortaient de la concession. On marche toujours du même côté dans la rue ou dans les escaliers du métro (côté gauche, comme pour la conduite). On attend si le feu piéton est rouge, même lorsque la rue est déserte. Aucun pourboire n’est accepté, même 1 yen, ils te rendront la monnaie. Il faut avoir fait une école d’ingénieur pour utiliser les toilettes qui comportent toutes un véritable ordinateur pour pouvoir chauffer la cuvette par exemple, mettre du son, ou orienter des jets nettoyants à notre convenance ; toilettes où on trouve parfois un lavabo intégré sur la chasse d’eau. On peut dormir dans des capsules : là aussi, la propreté est un niveau maximum ; on se croirait dans un vaisseau spatial. Des travailleurs nettoient régulièrement tout du sol au plafond dans le métro. Des ouvriers de chantier urbain aspirent toutes les saletés pendant que leurs collègues s’adonnent aux travaux. Il est interdit de fumer dans la rue dans de nombreux quartiers. Je n’ai pas vu un seul mégot traîner. Des coins fumeurs sont aménagés en ville. J’avais déjà remarqué ça à Séoul. Tokyo est à première vue ultra moderne mais on retrouve le côté traditionnel et ancestral du Japon dans de nombreux temples shintô. Les parcs donnent aussi à la ville ce côté aéré et frais. C’était une fournaise pendant 15 jours ici, avec des records de température battus, mais on peut trouver de la fraicheur dans le parc Meiji par exemple. Par lequel on pénètre en passant sous un torii gigantesque. Des torii, ces portes en bois, on les retrouve partout dans les temples. On peut même découvrir des allées de Torii comme à Ueno ou Nagatacho. Quelque chose de très agréable en été qu’on trouve aussi dans tous les temples sont les bassins dans lesquels on peut faire des ablutions avec de grandes louches en bois.

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