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Difficile de trouver les mots pour raconter ce que j’ai vécu lors de mon séjour au Kenya.


C’est assurément un des plus beaux séjours de ma vie (et ceux qui me connaissent personnellement savent que je ne suis pas un novice en la matière …).
Et cette aventure, ces moments uniques que j’ai pu vivre ici, dans ce petit village d’Iten, perché sur les hauts-plateaux surplombant la vallée du Rift, je la dois entièrement à Yoann Kowal. Un athlète d’exception comme vous le savez (Champion d’Europe quand même et 5ème aux JO sur 3000 steeple ! Il fait partie de l’élite mondiale) mais avant tout un gars d’une générosité, d’une gentillesse et d’une humilité incroyables. Grâce à lui, j’ai pu découvrir de nombreux parcours autour du village, des coins un peu reculés aussi comme ce footing qu’on a fait dans la forêt (j’ai cru crever cette fois là !). Il faut savoir qu’ici rien n’est plat. Et particulièrement sur cette boucle.
Il m’a aussi présenté à de nombreux athlètes kenyans (tous exceptionnels) et au groupe des athlètes de Clermont qui logeait au nouveau centre de Bob Tahri. Et puis il est l’organisateur de mon fameux 1500 m (qui s’apparente presqu’à un sketch d’un oeil extérieur mais ce que j’ai vécu lors de cette course c’était comme une descente aux enfers !!!). Heureusement j’avais un public de luxe qui m’a encouragé toute la course.
Donc, encore une fois un grand merci à Yo Ko (comme on l’appelle souvent) pour m’avoir fait découvrir un monde fascinant de courage et d’abnégation. C’est une vraie chance que j’ai eu, une semaine gravée à vie dans ma tête.
C’est aussi ça le World Sport Challenge : montrer qu’à chaque fois, on peut vivre des choses extraordinaires à travers le sport, avoir des échanges avec la population locale. Découvrir et apprendre toujours, s’enrichir de ces contacts privilégiés.

Je vais revenir un peu sur l’activité demi-fond. Dans l’athlétisme, ce sont les courses qui vont du 800m au 3000m. Plus court, c’est considéré comme du sprint et plus long c’est du fond.
Pour vous donner une idée, et après avoir vécu les 2, je préférerais refaire un marathon qu’un 1500m. C’est une épreuve extrêmement dure. Je me considère plutôt en forme et malgré tout j’ai complètement explosé sur ce type de course. Je savais que cette épreuve était dure, la pratiquer a confirmé évidemment ce sentiment. J’ai un profond respect et une grande admiration pour tous les coureurs de demi-fond.
Pour réussir dans cette discipline, l’entraînement est très difficile, il faut énormément de rigueur et de travail. Il n’est pas rare que les athlètes s’entraînent une dizaine de fois par semaine (voire plus). Le goût de l’effort est indispensable et il faut beaucoup de courage pour se mettre dans le dur lors des séances.
On comprend ici pourquoi les athlètes excellent. Des conditions parfaites d’entraînement, l’altitude bien sur, qui oblige les organismes à travailler avec un taux d’oxygène moindre, des terrains de terre très variés et vallonnés et un climat toujours clément (parfois un peu chaud, mais ce n’est pas gênant lorsqu’on démarre les footings à 6h du mat’). Ils font généralement une séance le matin à l’aube et une autre en fin d’après-midi. La course fait partie de la culture ici. Tout le monde court. Le premier footing que j’ai fait en matinée, j’ai été largué assez vite (au bout de 20 min) parce que l’allure devenait trop élevée et mes poumons étaient tout contractés à cause de l’altitude. Dans ce peloton d’environ 70 coureurs, il y avait Kaya (le Kenyan naturalisé Turc) et champion d’Europe de cross. Puis tous les gars sont capables de courir le marathon en moins de 2h30 (voir 2h20 pour la plupart).
J’ai donc mis assez vite le clignotant pour continuer à une allure moins élevée. Et sur mon parcours, j’ai toujours croisé des gens qui ont fait un bout de chemin avec moi.

J’ai pu donc être au coeur de l’entraînement d’un demi-fondeur de très haut-niveau pendant quasiment une semaine complète. Les seules séances où je pouvais l’accompagner correctement étaient les footings de récupération de l’après-midi. Pour le reste, soit j’étais à la traîne, soit j’adaptais mon travail à mon niveau, soit je suivais à vélo. Tout ça pour finir à presque 100 km de course en une semaine (c’est évidemment pas les 200 km de Yoann Kowal, et ce n’est surtout pas les mêmes allures !!)
On parle souvent de sport individuel, mais sans partenaire d’entraînement, c’est dur de se donner à fond à chaque séance. C’est pourquoi les groupes sont souvent très soudés dans le demi-fond. Et c’est aussi une des raisons pour lesquelles les meilleurs Européens viennent souvent à Iten. Ce n’est pas uniquement les conditions. C’est aussi la garantie de trouver des athlètes capables de les pousser dans leurs retranchements. Parmi les sparing-partner de Yo Ko, on retrouve Meishak, qui a déjà fait 2h19 au marathon avec un temps de passage en 64’ au semi, ou bien encore Frédéric, qui a déjà couru le 10000 m sur la piste d’Eldoret (à 2300m d’altitude environ) en moins de 31 min.
Ce dimanche, dernier jour de la semaine, j’ai suivi avec le VTT Yoann et Frédéric sur une séance de seuil et notre finaliste olympique a pris la foudre sur la 3ème série avant de revenir dans les dernières secondes.
Un autre exemple de solidarité dans cette discipline est le soutien et les encouragements que j’ai eu tout au long de mon 1500. De la part du groupe de demi-fond Clermont accompagné d’une autre star de l’athlétisme Yohan Durand, mais aussi de la part des concurrents de la course, qui faisaient plus office de partenaires que d’adversaires. Ces coureurs avaient quelques minutes avant une compétition sur 3000 m sur cette même piste mythique de Kamariny (1ère série gagné en 8’14 et 2ème en 8’17 pour donner un aperçu du niveau des gars). Le 1500 couru en 5’40 était donc pour une promenade de santé et ils n’ont eu aucun problème à enchaîner les 2 courses. Pour ma part, j’ai explosé au bout de 500m. L’altitude et l’entraînement biquotidien depuis le début de la semaine a surement laissé des traces. Mais aussi ma gestion de course qui a été catastrophique et mon impuissance dans ce type d’effort : à savoir aller très vite et longtemps. Ca ne s’improvise pas.
Je me rappelle encore la dernière fois où j’ai subi les mêmes effets sur une course : c’était au lycée quand les demi-fondeurs m’ont dit de les accompagner pour compléter l’équipe de cross, dont le leader était le spécialiste du 1500m Patrice Bédier, aux championnats académiques UNSS. J’étais alors parti en tête pour ensuite me faire doubler en continu par environ 80 mecs. J’avais déjà basculé du côté des sprinteurs dans ce petit monde de l’athlétisme.
Plus de 15 ans après, je refais les mêmes erreurs !!
Avec 2 caméscopes, une GoPro et un drône, je pense que c’est la plus grosse production vidéo pour un 1500m aussi lent ! Et j’en profite pour remercier Melissa Benoumeur, Yoann Kowal et son physio Oliver Laoust pour les différentes prises de vue.
Je pense qu’à mon retour Mathieu Lonjou va me demander de lui rendre le cuissard Equipe de France qu’il m’avait offert. J’ai encore 3 épreuves d’athlétisme où je pourrais peut être me rattraper (une de sprint, une de saut et une de lancer).

Pourquoi un tel choix de destination pour la 7ème étape du World Sport Challenge, ce lieu mythique est la Mecque du 1/2 fond (David Rudisha, Asbel Kiprop, Wilson Kipsang … ont tous foulé cette piste en terre de Kamariny).
On a vu que c’est tout un ensemble de paramètres qui font que les athlètes d’Iten sont parmi les meilleurs du monde. Mais ce qui est le plus marquant, c’est l’aspect culturel de cette discipline. La culture qu’on reçoit, ou la culture d’un village ou d’un pays dans le domaine sportif est pour moi la valence la plus importante dans l’accession à l’excellence. Ici, tout le monde court, les écoliers, les personnes âgées, les gens qui se rendent au travail … et le paysage constitué de chemins de terre rouge au milieu de prairies vallonnées et de forêts est le terrain de jeu de tous les habitants.

Pierre


PS :
Ma semaine à Iten
- mardi : footing après midi 1h à 11 km/h
- mercredi : 1) footing à l’aube : 14,5 km en 1h20  2) footing après midi : 12km en 1h
- jeudi : 1) 10 x 30/30 avec échauffement et récupération (10km)  2) footing après midi 12 km en 1h
- vendredi : 1) matin : 1500 m  2) après-midi : footing dans la forêt : 13km
- samedi : 1) matin : séance de piste : 5 x 200  R = 3’30  2) VTT : 50 min
- dimanche : matin : VTT : 25 km (séance de seuil de course 3 x 12 min à 18 km/h de moyenne)

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